07/04/2012
Le traitement de Gérard
Le Paris des beaux quartiers par un petit matin pluvieux. Le gyrophare d’une ambulance suivi de la sirène d’une voiture de police quittent une résidence de luxe. Les radios se relaient sur l’événement : on vient de découvrir un homme dans la trentaine, bien connu des milieux financiers, une balle en plein front. Il se nomme Francis Tromplar. Ce sont les voisins qui ont donné l’alerte après le coup de feu. Il n’y a pas eu effraction et le trader fortuné menait une vie assez discrète sans avoir d’ennemi connu.
A la fin de l’été, il avait emménagé dans cet appartement spacieux et fêté dans l’allégresse son installation avec quelques amis.
Il avait composé lui-même un immense tableau mural : site agreste de montagnes enneigées surplombant un lac à l’aube aux berges verdoyantes et placé son lit en face pour profiter de ce panorama.
Un point, au centre de la fresque l’avait d’abord intrigué. Au fil des jours, le tableau s’était éclairci, la menace s’était précisée et il avait marqué des signes d’inquiétude. Au cœur de l’hiver, son moral avait changé. Il était devenu morose et renfermé. Lui, naguère si cordial, évitait les rencontres et son talent a savoir profiter des opportunités boursières l’avait quitté. Une succession de mauvaises négociations l’avait discrédité auprès de sa hiérarchie. Il déprimait et s’était mis à boire et à fumer. Il dormait mal et veillait tard. A n’en pas douter, une embarcation occupait le centre du tableau et semblait se rapprocher. Il pouvait maintenant deviner deux hommes armés.
Le rapport de police, en l’absence d’arme du crime, conclut à un suicide suite à une crise de paranoïa. La presse montre les clichés d’un panneau agressif et s’interroge sur l’intérêt d’un art conçu pour servir les goûts morbides de la génération actuelle.
Un traitement de Gérard Moreau
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