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04/06/2015

Le traitement de Françoise

Visa pour une vie, un traitement de Françoise. Vous pouvez réagir en commentaires.

BERLIN 1930

Il est 9 heures du matin.

Joseph monte dans le bus : il est vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise blanche : il veut être le plus anonyme possible. IL porte une petite sacoche noire aussi dont il extrait son billet de bus .

Il est un peu endormi car il s’est levé très tôt, à 5 heures pour arriver le premier devant la porte du bureau qui délivre les visas pour l’étranger. Il est seul car la plupart de ses amis ont décidé de partir pour les États-Unis mais lui, c’est en France qu’il a décidé de partir.

Il est musicien et amateur de poésie : il sait que c’est en France qu’il pourra continuer le travail entamé à Berlin avec ses amis du théâtre ambulant. Il a eu la chance de côtoyer les artistes qui faisaient le lien entre plusieurs formes d’expression : le théâtre, la musique , le cinéma ; la poésie.

C’est le jour où on nous a interdit de jouer le théâtre de Brecht et qu’on est venu arrêter et malmener les comédiens qu’il a décidé de son départ ! C’est la directrice de la troupe qui s’est interposé et a fait sortir le comédien par un sortie inconnue de la police.

Il était déjà parti de sa Hongrie natale pour cela : il ne pouvait pas tester attendre que cela lui arrive : en tant que juif, il était dans les plus exposés.

Mais enfin, il l’a obtenu son visa pour la France et il lui tarde d’aller le dire à sa femme, une grande concertiste allemande qui l’a toujours soutenu et à ses amis de la troupe : ils ont tous rendez-vous dans un bistrot fréquenté par les artistes.

Il s’arrête pour acheter de quoi manger, tout en rêvant déjà de Paris.

Il arrive au lieu de rendez-vous : ils ont tous là.

Triomphant il leur dit : « Ça y est , je l’ai ! »

Tous les regards sont braqués sur lui : regards réjouis ou, regards envieux.

Joseph fouille sa sacoche , puis ses poches : son regard reflète l’angoisse

Dix fois, il effectue de nouveau la fouille mais il ne trouve plus le visa .

La désolation l’envahit :chacun donne son avis sur la façon dont il a perdu ce papier

Existentiel.

Sans écouter personne, joseph repart en courant, refait la route exacte en sens inverse.

Le marchande de légumes où il s’est arrêté s’étant absenté , il l’attend mais il n’a rien trouvé .

Tout le long de la route, il est de plus en plus stressé et se voit déjà partir en déportation.

Il scrute tous les trottoirs des rues où il est passé.

Il pense à toutes les musiques qu’il n’écrira pas .

Il ne reste que le bus : c’est son dernier espoir : mais au terminus des bus on ui dit que le bus qu’il a pris ne repassera que dans une heure.

Jamais une heure ne lui a paru si longue.

Comment a-t-il pu perdre ce papier !

Il a toujours été distrait : sans doute son manque de sommeil l’a desservi.

Il l’a regardé plusieurs fois dans le bus , encore étonné d’avoir réussi à l’obtenir , grâce à des appuis importants qu’il ne pourra mobiliser de nouveau car l’un d’eux n’est plus à Berlin.

Enfin le bus arrive : il reconnaît le chauffeur, le chauffeur l’aperçoit et lui crie :

« J’ai votre papier » !

Il l’embrasse, le pauvre homme ne sait comment se dégager de son étreinte

« Vous me sauvez la vie ! Venez boire un coup avec mes amis.

Mais le brave homme est fatigué par sa journée de travail et décline l’invitation.

Il comprend tout à fait la joie de joseph car il aimerait bien faire comme lui et partir à l’étranger car sa femme aussi est juive elle aussi.

Il lui lance juste : envoyez –moi des cartes postales !

C’est un visa pour la France.

Il est musicien et il est juif : il a eu tant de mal à obtenir ce visa !

Il n’y croyait plus et se voyait déjà dans un train pour la déportation.

Il faut absolument aller fêter ça avec les copains , jouer de la musique , chanter et danser avec eux.

Il fait des courses pour fêter dignement l’événement. 

Il passe chez lui pour commencer à ranger ses affaires car il veut partir au plus vite.

Il est tellement heureux qu’il n’arrête pas de chantonner.

Il en oublie presque l’heure du déjeuner alors qu’il a convoqué tous ses amis au bistrot habituel.

Ils sont presque tous là : il veut leur faire voir le précieux papier.

Il devient pâle, croit qu’il va s’évanouir : plus de trace du papier ! VOLATILISE !

Il n’écoute même pas les conseils des copains, part en courant comme un dératé et refait tout son parcours de la journée :

-son appartement…… RIEN

-les magasins ……… RIEN

-le bitume des différentes rues qu’il a parcourues….. RIEN

- les toilettes où il est rentré satisfaire ses besoins …… RIEN

- les bars où il est entré pour annoncer la bonne nouvelle aux amis par téléphone …..RIEN

Il a beau essayer de réfléchir … .C’EST UN TROU NOIR

18H30 GARE DES BUS

Son dernier espoir est le bus !

Il arrive au parking où se garent les véhicules

Le bus rouge qu’il a pris le matin n’est pas encore arrivé,

Au bout d’un certain temps qui lui parait infiniment long, le voilà, il le reconnaît

Il n’ose pas prononcer les mots magiques :

Avez-vous trouvé un papier officiel, mon visa quoi !

Un tourbillon de joie l’envahit, il croit que son sœur va exploser :

SON VISA EST DANS LES MAINS DU CHAUFFEUR.

03/06/2015

Master class cannoise

 

Masterclass organisée par la Maison des scénaristes à Cannes avec Thomas Bidegain et Noé Debré, scénaristes de Deephan de Jacques Audiard, Palme d'Or 2015.