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04/06/2015

Le traitement de Françoise

Visa pour une vie, un traitement de Françoise. Vous pouvez réagir en commentaires.

BERLIN 1930

Il est 9 heures du matin.

Joseph monte dans le bus : il est vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise blanche : il veut être le plus anonyme possible. IL porte une petite sacoche noire aussi dont il extrait son billet de bus .

Il est un peu endormi car il s’est levé très tôt, à 5 heures pour arriver le premier devant la porte du bureau qui délivre les visas pour l’étranger. Il est seul car la plupart de ses amis ont décidé de partir pour les États-Unis mais lui, c’est en France qu’il a décidé de partir.

Il est musicien et amateur de poésie : il sait que c’est en France qu’il pourra continuer le travail entamé à Berlin avec ses amis du théâtre ambulant. Il a eu la chance de côtoyer les artistes qui faisaient le lien entre plusieurs formes d’expression : le théâtre, la musique , le cinéma ; la poésie.

C’est le jour où on nous a interdit de jouer le théâtre de Brecht et qu’on est venu arrêter et malmener les comédiens qu’il a décidé de son départ ! C’est la directrice de la troupe qui s’est interposé et a fait sortir le comédien par un sortie inconnue de la police.

Il était déjà parti de sa Hongrie natale pour cela : il ne pouvait pas tester attendre que cela lui arrive : en tant que juif, il était dans les plus exposés.

Mais enfin, il l’a obtenu son visa pour la France et il lui tarde d’aller le dire à sa femme, une grande concertiste allemande qui l’a toujours soutenu et à ses amis de la troupe : ils ont tous rendez-vous dans un bistrot fréquenté par les artistes.

Il s’arrête pour acheter de quoi manger, tout en rêvant déjà de Paris.

Il arrive au lieu de rendez-vous : ils ont tous là.

Triomphant il leur dit : « Ça y est , je l’ai ! »

Tous les regards sont braqués sur lui : regards réjouis ou, regards envieux.

Joseph fouille sa sacoche , puis ses poches : son regard reflète l’angoisse

Dix fois, il effectue de nouveau la fouille mais il ne trouve plus le visa .

La désolation l’envahit :chacun donne son avis sur la façon dont il a perdu ce papier

Existentiel.

Sans écouter personne, joseph repart en courant, refait la route exacte en sens inverse.

Le marchande de légumes où il s’est arrêté s’étant absenté , il l’attend mais il n’a rien trouvé .

Tout le long de la route, il est de plus en plus stressé et se voit déjà partir en déportation.

Il scrute tous les trottoirs des rues où il est passé.

Il pense à toutes les musiques qu’il n’écrira pas .

Il ne reste que le bus : c’est son dernier espoir : mais au terminus des bus on ui dit que le bus qu’il a pris ne repassera que dans une heure.

Jamais une heure ne lui a paru si longue.

Comment a-t-il pu perdre ce papier !

Il a toujours été distrait : sans doute son manque de sommeil l’a desservi.

Il l’a regardé plusieurs fois dans le bus , encore étonné d’avoir réussi à l’obtenir , grâce à des appuis importants qu’il ne pourra mobiliser de nouveau car l’un d’eux n’est plus à Berlin.

Enfin le bus arrive : il reconnaît le chauffeur, le chauffeur l’aperçoit et lui crie :

« J’ai votre papier » !

Il l’embrasse, le pauvre homme ne sait comment se dégager de son étreinte

« Vous me sauvez la vie ! Venez boire un coup avec mes amis.

Mais le brave homme est fatigué par sa journée de travail et décline l’invitation.

Il comprend tout à fait la joie de joseph car il aimerait bien faire comme lui et partir à l’étranger car sa femme aussi est juive elle aussi.

Il lui lance juste : envoyez –moi des cartes postales !

C’est un visa pour la France.

Il est musicien et il est juif : il a eu tant de mal à obtenir ce visa !

Il n’y croyait plus et se voyait déjà dans un train pour la déportation.

Il faut absolument aller fêter ça avec les copains , jouer de la musique , chanter et danser avec eux.

Il fait des courses pour fêter dignement l’événement. 

Il passe chez lui pour commencer à ranger ses affaires car il veut partir au plus vite.

Il est tellement heureux qu’il n’arrête pas de chantonner.

Il en oublie presque l’heure du déjeuner alors qu’il a convoqué tous ses amis au bistrot habituel.

Ils sont presque tous là : il veut leur faire voir le précieux papier.

Il devient pâle, croit qu’il va s’évanouir : plus de trace du papier ! VOLATILISE !

Il n’écoute même pas les conseils des copains, part en courant comme un dératé et refait tout son parcours de la journée :

-son appartement…… RIEN

-les magasins ……… RIEN

-le bitume des différentes rues qu’il a parcourues….. RIEN

- les toilettes où il est rentré satisfaire ses besoins …… RIEN

- les bars où il est entré pour annoncer la bonne nouvelle aux amis par téléphone …..RIEN

Il a beau essayer de réfléchir … .C’EST UN TROU NOIR

18H30 GARE DES BUS

Son dernier espoir est le bus !

Il arrive au parking où se garent les véhicules

Le bus rouge qu’il a pris le matin n’est pas encore arrivé,

Au bout d’un certain temps qui lui parait infiniment long, le voilà, il le reconnaît

Il n’ose pas prononcer les mots magiques :

Avez-vous trouvé un papier officiel, mon visa quoi !

Un tourbillon de joie l’envahit, il croit que son sœur va exploser :

SON VISA EST DANS LES MAINS DU CHAUFFEUR.

24/05/2015

Comme sur des roulettes

Comme sur des roulettes, traitement de Patricia. Vous pouvez réagir en commentaires.

Maternité de Cannes, 23 h, un camion se gare en catastrophe devant les urgences. En sort un homme visiblement dans un état de surexcitation qui inquiète au premier abord le gardien posté devant l’entrée quand un hurlement se fait entendre dans la cabine. Les deux hommes arrêtent leurs palabres et se précipitent vers le véhicule. L’homme et le gardien s’aperçoivent avec horreur que la femme est en train de donner naissance à son enfant. Le gardien demande des secours et quelques secondes plus tard, deux brancardiers arrivent avec un charriot à roulettes où ils tentent avec grands efforts de faire installer la jeune femme. Quelques dizaines de minutes plus tard, l’enfant est né : c’est un garçon. Sa maman heureuse n’a pas eu le temps de descendre du chariot. Le petit garçon qui a été prénommé Graham en l’honneur du pilote Graham Hill, fait honneur à sa parenté et à son prénom. Très tôt il montre vite des dispositions et des goûts pour tout ce qui roule. Chaque noël est une occasion pour ses parents de lui offrir un jouet pour encourager sa passion, espérant que celle-ci le conduira sur les circuits automobiles dont rêve son père. Tout y passe, youpala, tricycle, vélos, Karting, etc. mais à l’adolescence, Graham montre d’autres inclinations.

La littérature entre dans sa vie comme Léa, sa copine de classe. Pensant que son fils est soumis à une tocade passagère, il décide de le faire entrer en session de formation BEP mécanique car çà au moins c’est un métier. Graham se plie au désir de son père et son diplôme en poche il trouve un emploi et 4 ans plus tard épouse Léa. Mariage que son père et sa mère approuvent même si leur fils leur semble un peu jeune pour cela. A 20 ans, il a bien le droit de penser à autre chose qu’au mariage mais, cette fois-ci les parents n’osent pas le dévier de ses choix. Graham et Léa vivent un amour passionné et quelques mois après leur mariage, nait une fillette qu’ils prénomment, Anna Graham junior, clin d’œil du père, ironie du sort (anagramme). Quelques temps plus tard, Le père de Graham décède et avec l’argent de son héritage, il achète un garage ou il répare de magnifiques voitures de collection, appartenant à de riches propriétaires qui affluent de Monaco et Cannes. Anna Graham junior, grandit et montre une grande passion pour les chiens. Pour lui faire plaisir, son père en adopte plusieurs car elle souhaite devenir vétérinaire.

C’est au volant de sa voiture un soir d’hiver que Graham, par amour pour sa fille, évite de justesse un chien errant. Malheureusement, la voiture glisse sur une plaque de verglas et c’est l’accident. Immobilisé pendant plusieurs mois à l’hôpital, il renoue avec ses anciennes amours, l’écriture, lors d’un atelier du scénario proposé dans la maison de convalescence. Fascine par cette nouvelle activité, il s’y adonne pleinement le reste de sa vie, passant au garage souvent sous prétexte d’admirer les belles voitures et rencontrer les clients qui continuent d’y affluer en signe de soutien. Anna qui a compris les raisons de l’accident de son père, culpabilise beaucoup et abandonne ses études pour s’occuper de la comptabilité du garage

Toute vie a une fin et celle de Graham est bien triste car il décède le jour de l’anniversaire de son premier accident. En voulant descendre un trottoir, son fauteuil bascule à l’arrivé d’une automobile. Le choc est violent et il décède sur le coup. Anna sa fille apprend la nouvelle et se rue à la morgue où elle retrouve sa mère en larmes. Quelques temps plus tard, elle ramène sa mère chez elle et celle-ci lui donne une enveloppe cachetée. Dans cette enveloppe se trouve les dernières volontés de Graham.

Ce qui pourrait être une fin n’est qu’un début car Anna va s’obstiner à réaliser les vœux de son père : un enterrement de premier ordre comme il l’a imaginé. En effet, tout au long de sa vie depuis son accident Graham a imaginé des tas de scénarios et créer de nombreux courts métrages. Il a même aménagé dans son garage, une salle de projection dont l’existence était jusque-là inconnue de tous. La clef se trouve dans l’enveloppe ou Anna peut également y lire le scénario de l’enterrement que son père a écrit. Il y prévoit tout : de la cérémonie à l’instant ultime de la mise au caveau de famille. Léa s’assoit sur un des fauteuils de la petite salle de projection et commence à lire. Alors qu’elle arrive à la dernière page, elle éclate d’un fou rire si important qu’elle en pleure à se rouler par terre. Il est vrai que la situation est cocasse car Graham a prévu de faire venir tout le monde à vélo ou en trottinette pour son enterrement. Bien entendu, il y attend tout le gotha des richissimes propriétaires qui lui ont confié leurs voitures pendant toutes ces années. Le film se termine sur une scène qui est en soin la justification du titre. Tout le monde roule, habillé de noir, et la scène est cocasse car personne ne sait vraiment comment s’y prendre avec des vélos pour un enterrement. Devant, 4 hommes en noirs marchent en portant le cercueil de Graham. Jusque-là, tout paraît classique sauf que Graham a demandé en plus de tout çà de faire éditer une affiche de film dont il est bien entendu l’acteur principal. L’affiche représente Graham allongé sur un nuage (comme l’affiche de Bruce Tout puissant). Il tient un verre de champagne à la main et fait un clin d’œil. Sur l’affiche on peut voir le titre du Film «  Comme sur des roulettes » placé exactement au niveau des cuisses des porteurs du cercueil comme si en fait le cercueil marchait au contraire des suiveurs qui eux peinent à rouler. C’est bien entendu une projection du court métrage réalisé sur l’enterrement de Graham à laquelle assistent « tous les figurants involontaires » au cours d’une projection en avant-première de la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2015 qui provoque l’hilarité de tout le public.

Dernière revanche sur la vie de la part de Graham.

PDP : Malgré l’amour filial, les désirs et les rêves inassouvis ou inconscients des parents, peuvent être ravageurs pour la destinée de leurs propres enfants.

08/05/2015

L’inconnue du Canal

Voici le traitement de Gérard à partir de l'un de ses synopsis : "L’inconnue du Canal". Vous pouvez réagir en commentaires. 

Morne paysage sous un ciel gris et chargé, coincé entre la fin d’une banlieue industrielle et un début de campagne désert et sans charme.

Une petite voiture noire roule le long d’un chemin de terre bordant un canal d’eau boueuse. Laura, le regard fixe et vide, ressasse les tristes évènements de sa vie.

La mort subite et inexpliquée de son enfant dans son berceau, la détresse d’Alfonso qui secoue le bébé au visage déjà bleu avant de foncer vers les urgences ; la confirmation du décès par l’équipe de réanimation malgré plusieurs tentatives.

Par désespoir, son ami a préféré la fuite et quitté le domicile pour partir à l’étranger, la laissant seule et désemparée.

La voiture s’arrête, elle en sort avec une élégance naturelle et repousse la portière avec négligence. Est-elle distraite ? Pourtant sa démarche reste volontaire et déterminée. Elle parcourt cent mètres vers un pont métallique piétonnier. Elle s’y engage pour rejoindre l’autre rive. Un accès de colère contre l’adversité absurde et injuste de son sort monte en elle. Avec méfiance, elle regarde aux alentours à plusieurs reprises pour s’assurer de pouvoir accomplir son funeste projet.

Stoïque elle s’arrête, ferme les yeux, respire fort pour intensifier sa concentration à confirmer son obstination d’en finir. Dans un élan, elle enjambe la rambarde et se jette dans le vide.

Sa chute impacte avec violence la surface de l’eau froide. Elle est transie, lève son beau visage vers le ciel comme pour implorer du courage ; mais, tout son corps pourtant tétanisé, mu par des réflexes d’ancienne sportive, s’insurge contre son envie de mourir. Elle plonge de nouveau dans le flot pour s’anesthésier, aspirer l’eau, bloquer sa respiration. Quelqu’un appelle, elle entend un cri.

Benjamin, cheveux au vent sur son vélo, se laisse divaguer avec adresse entre les flaques et les ornières du chemin. Il garde son équilibre à la faveur de savantes contorsions et cabre aussi sa bécane pour se défier en de nouvelles prouesses. C’est un jeune homme mince et téméraire ; il a vu au loin une ombre sauter et perçut le choc. D’un trait, il fonce, quitte son engin et se jette dans le canal.

Elle vient de comprendre que mourir ne sera pas facile. Elle doit se battre pour revendiquer sa mort. Qui sera le plus rapide ? Elle, dans sa résolution à se noyer ou celui qui s’approche pour la sauver. « Arrêtez, arrêtez » crie le garçon. Si elle attend d’être affaiblie, elle deviendra une proie facile pour son sauveur qui la traînera en lieu sûr sur la berge, pratiquera les premiers secours, appellera les pompiers et la police. Ainsi, elle se verra sauvée et ridiculisée.

Tout a changé. Au lieu de se laisser couler elle respire et reprend des forces. Il est déjà face à elle. C’est un bel adolescent qui veut être célèbre, avoir sa photo dans les journaux, raconter partout son exploit. Il tend déjà une main vers elle pour l’agripper. Au lieu d’esquiver elle la saisit, la serre et la tire vers le fond. Surpris par la force de l’emprise, dans un dernier regard affolé, il ne dira plus rien. Elle tient fermement son bras et fait poids pour maintenir sa tête immergée. Il s’énerve, se démène pour se dégager, tente de la frapper du poing resté libre ; puis cesse peu à peu de s’agiter. Elle est fatiguée et tremblante. Il est sous elle, vaincu, inerte et mou. Elle sait que celui qui a essayé de lui voler sa mort ne bougera plus. Livide, il sombre entraîné part le courant. La vigueur retrouvée a brisé sa détermination d’en finir. Épuisée, elle rejoint la rive, s’extrait de la vase et sort de l’eau.

L’angoisse la saisit alors que la répétition du suicide est abandonnée. Si auparavant tout avenir n’existait plus, désormais elle est devenue une meurtrière. Il faut se taire, tout cacher, ne laisser aucune trace visible de son méfait. Elle a froid et son tailleur trempé dégouline d’eau sale. La clé de contact oubliée pend sur le tableau de bord. Lucide et pressée, elle repart. Elle va devoir se dissimuler pour rejoindre son appartement ; se faufiler dans le hall de l’immeuble en passant devant la loge du concierge et monter les escaliers en restant inaperçue.

26/06/2013

Le traitement de Gérard

Un chat singulier

Comme chaque jour, Noémie dix ans rentre de l'école avec hâte et se réjouit de retrouver son chaton siamois Nestor qu'elle fait volontiers jouer avec un bouchon attaché à une ficelle, qu'elle câline sur ses genoux et écoute ronronner de plaisir. Elle lui verse une écuelle de lait. C'est un cadeau de sa mère Laurence qui s'est séparée de son mari l'an passé et a offert à sa fille une compensation à cette rupture mal vécue par la gamine. Mais aujourd'hui, en pénétrant dans l'appartement elle s'étonne d'y trouver sa mère si tôt en compagnie de son ami Louis, qu'elle déteste. Ce dernier a des prétentions d'installation en couple et souhaiterait qu'elle l'appelle «papa». Il sent la cigarette, a une barbe qui pique, reste brutal et maladroit sans lui inspirer confiance. Assise dans le canapé à côté de son compagnon, sa mère lui annonce avoir une bonne nouvelle. Ils vont partir très vite en Indonésie tous les trois où Louis vient d'accepter un emploi rémunérateur et doit s'occuper pendant plusieurs mois d'un chantier de construction. Ils lui montrent les photos idylliques de la nouvelle maison toute équipée qui donne sur une plage de sable fin avec des palmiers. La fillette panique, pleure, elle refuse de partir et changer d'école en cours d'année, de perdre ses copines pour vivre une nouvelle situation d'abandon à l'étranger. Elle serre son chat contre elle avec effusion. Celui-ci miaule, cherche à se dégager, se débat et griffe. Louis, agacé, ne manque pas de relever : Tu vois bien qu'il est méchant et dangereux ce chat ! Noémie hurle : C'est toi qui n'est pas chez toi ici et... Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que sa mère lui administre une gifle et lui ordonne de monter dans sa chambre. La décision est prise, c'est comme ça et pas autrement, elle est encore trop jeune pour décider et n'a pas voix au chapitre !

Au petit matin, des bruits de déplacements de meubles et des phrases chuchotées la réveillent. La fillette n'a rien oublié et se lève contrariée avec rancune. Sa mère est tout sourire. Stupeur, elle découvre le salon encombré de cartons. Elle cherche partout son chat sans le trouver. Il s'est peut-être sauvé ou se trouve enfermé dans un des colis ! Quoi qu'il en soit, s'il n'est pas de retour dans une heure tant pis, le départ est fixé et les voisins prévenus pourront le récupérer et le confier à la SPA.

Le camion de déménagement bondé est parti plus tard que prévu, mais le chat introuvable n'est pas revenu. Noémie anxieuse l'a appelé et cherché en vain pour finir par laisser une assiette de croquettes sur le rebord de la fenêtre. Un ami de la famille s'offre de les conduire à l'aéroport. En ouvrant le coffre pour sortir les bagages la fillette aperçoit le sac de transport tout neuf acheté la veille pour l'animal et éclate en sanglots. Un miaulement timide attire son attention. A travers le filet elle voit les yeux du chat qui la fixent. Malin, il s'est réfugié et a passé la nuit dans le sac prêt à partir.

17/04/2013

"Grand oral", un traitement d'Isabelle

Eva, jeune étudiante en histoire à la Sorbonne s'apprête à passer un « oral-test » , destiné à la préparer à l'épreuve tant redoutée du « grand oral d'agrégation ». Devant un professeur qu'elle admire et quelques étudiants, elle maîtrise mal ses émotions : la voix lui manque, elle bredouille . Les commentaires du professeur sont sans appel, il ne prend même pas la peine de la regarder ou de s'adresser à elle. Elle tente en vain, à la sortie de l'amphithéâtre, d'avoir une explication avec lui. Il n'en faut pas plus pour ébranler sa confiance et son fragile rapport au savoir : c'est décidé, elle abandonne ! Sur le boulevard Saint-Michel, elle avance comme en apesanteur, dénoue son chignon trop serré et abandonne négligemment son cabas au pied d'une poubelle.

Réfugiée dans le métro, elle se retrouve fortuitement installée face au professeur. L'irruption dans la rame d'un musicien marginal interrompt la gêne réciproque. Tout en chantant, le musicien, se rapproche du professeur et cherche par un jeu comique à capter son regard .Une fois sa chanson terminée, il lui demande de commenter sa prestation. Le professeur, explique alors avec lassitude qu'il fait passer des oraux à longueur de journée et qu'il est fatigué. Le musicien, de plus en plus agacé par l'indifférence affichée du professeur provoque une sorte de grand oral inversé : c'est le professeur qui doit répondre avec sincérité à ses questions, chaque mauvaise réponse étant sanctionnée par un gage de plus en plus burlesque. Poussé dans ses retranchements, celui-ci « se met progressivement à nu » devant des passagers amusés puis médusés.

Dans ce monde sous-terrain, sorte de théâtre d'ombres, les codes ne sont plus les mêmes : la valeur du « candidat »n'est plus cette fois maîtrise de soi et raison mais sensibilité et authenticité. Tentée quelques instants de se venger du professeur ,Eva observe le début de la scène avec une certaine délectation. Mais touchée par les révélations , elle s'interpose verbalement et brosse ironiquement le portrait d'un professeur dévoué à ses élèves, qui ne peut plus donner l'aumône d'un regard parce qu'il a déjà trop donné. (Elle a eu sa revanche, tout en sauvant le professeur d'une humiliation proportionnelle à celle qu'elle a subie quelques minutes plus tôt).

En remontant les marches de la station , qui la ramènent à la lumière et au monde du dessus, elle sourit de nouveau. Plus tard, sur le boulevard Saint-Michel, elle retrouve la poubelle et glisse son épaule dans l'anse du cabas.

PDP : Eva est amenée à comprendre que le véritable handicap n'est pas la surcharge mais l'absence d'émotions. Son estime de soi et son rapport au savoir s'en trouveront renforcés.

15/04/2013

"L'intrus", un traitement de Maryse

Un décor de carte postale. Dans les jardins, les incontournables cyprès d’Italie se dressent dans l’azur et les feuilles d’olivier grisonnent au moindre souffle de vent. Au cœur du hameau, un vieux lavoir où les habitants, au plus fort de l’été mettent melons et bouteilles à rafraîchir. Et puis, sur le pas des portes, des bavardages à n’en plus finir.

Une vie sans histoire est souvent synonyme d’ennui et la moindre nouveauté n’en est que plus attrayante. L’arrivée de Leo chez Janet, une extravagante vieille dame anglaise, va rompre la monotonie ambiante. Toutes ces dames s’intéressent particulièrement au nouveau venu. Il faut bien reconnaître que Léo possède un je ne sais quoi d’irrésistible…Il est sans conteste la coqueluche du village.

Et Paul, ombrageux, un tantinet macho, se sentant délaissé par sa moitié, perd en quelques semaines ses bonnes joues et son petit ventre rond. Pas besoin de coûteuses séances chez le psychanalyste pour établir un diagnostic : il est malade de jalousie. Peu à peu des idées de meurtre s’insinuent dans son esprit. Paul lui tordrait bien le cou à ce Léo, d’ailleurs, il le clame haut et fort à qui veut bien l’entendre. Il songe au poison… Non, avec une arme ce serait plus viril. N’est-il pas avec Mario le meilleur fusil du village ?

Un soir de décembre, Paul rentre du travail en sifflotant pour cacher sa nervosité. Son projet est ficelé, ce sera pour demain… Mais, pourquoi un tel rassemblement sur la place du village et que signifie ce vacarme ?

«  Léo a disparu » hurle Janet, en levant les bras au ciel.

« Il ne doit pas être bien loin » dit un voisin.

« Il rentrera ce soir » ajoute un autre… chacun veut être le dernier a l’avoir vu ; les commérages vont bon train...

Mais le lendemain pas de Léo, les jours suivants non plus… Les indices sont si minces, les recherches s’avèrent inutiles. De guerre lasse, le détective mandaté par Janet jette l’éponge.
Est-ce un effet de la mauvaise saison ou simplement des fluctuations de l’esprit humain, personne ne s’attarde plus devant les maisons. On s’évite, on se soupçonne, on cherche un coupable. Tous les regards se tournent vers Paul. N’a-t-il pas répété à l’envie qu’il lui ferait sa fête à cet olibrius !

Paul supporte de plus en plus difficilement le regard goguenard de son ami Mario et surtout cette impression permanente d’être devant une cour d’assises. Etre soupçonné d’un crime qu’il n’a pas commis ou plutôt qu’il n’a pas eu le temps de commettre… une terrible descente aux enfers.

Au début de l’automne, Janet décide de retourner dans le Kent, son pays natal. Presque soulagés les habitants du hameau retrouvent leurs habitudes. Pour fêter la bonne entente retrouvée, Mario bon prince, invite Paul à souper. Paul trop heureux ne se fait pas prier et ne tarit pas d’éloges sur les talents culinaires de son ami.

« Mais où as-tu dégoté un coq de bruyère si gouteux ? » Mario regarde son ami avec insistance :

 « Tu te souviens de Léo le coq de Janet » ?

Paul sidéré : « Léo, c’était donc toi ! »

Mario « oui, c’était moi et puisque tu aimais tant Léo sers toi pendant que c’est encore chaud ».

« Ah non répond Paul » en éclatant de rire ; « la vengeance est un plat qui se mange froid ».

10/12/2009

Traitement de Dominique

Voici le traitement écrit par Dominique Denizet à partir du schéma dramatique proposé ICI. Vous pouvez laisser vos réflexions, réactions et critiques constructives en commentaire.

Numéro 3

Le radio réveil sonne 7 heures dans la chambre d’un appartement de Nice ouest. Le couple se lève, et se prépare à aller au travail, salle de bains, puis préparation du petit déjeuner. Leur fils les rejoint dans la cuisine. La mère part au travail la première et demande à son mari de s’occuper de la banque qui a appelée. Le père, Ferdinand, emmène son fils à la piscine pour son cours de natation. Dans la piscine le garçon court et saute dans l’eau, il se fait réprimander. Le père laisse son fils à la piscine et va à l’agence Pôle Emploi Nice Ouest. S

ur le chemin il téléphone à la banque. Des gens dansent dans la rue, il les rejoint. Il est accueilli à l’agence Pôle Emploi par un conseillé qui n’a rien à lui proposer. Lorsque qu’il ressort de l’agence, il est abordé par un Georgien qui lui propose de gagner facilement 1000 Euros ou plus en faisant un jeu. Il s’agit de rester le plus longtemps possible sous l’eau. Il accepte et l’accompagne dans une villa des hauteurs de Rimiez où il y a une piscine intérieure. Il est enfermé dans une cage métallique avec un autre candidat face à face, il y a aussi une autre cage où il y a deux autres candidat. Les candidats on un numéro écrit sur la poitrine. Les cages sont pongées dans la piscine, des joueurs autour de la piscine misent sur les candidats. Au bout de quelques minutes Ferdinand est le seul survivant, ils ressortent les cages, prennent les corps des trois noyés, les emballent dans une feuille de plastique et les évacuent.

Les Géorgien proposent à Ferdinand de continuer à jouer pour gagner 1000 Euros de plus, Ferdinand accepte. Trois autres candidats sont installés avec Ferdinand dans les cages et ils sont plongés de nouveau dans la piscine. Ferdinand ne gagne pas une seconde fois, il est enroulé dans une feuille de plastique, les paquets contenant les corps sont posés sur le bord de la route, une camionnette avec une enseigne de Nice Nettoiement emmène les paquets à l’usine d’incinération de Nice EST où ils sont jetés dans le four. Sur la plate forme de déchargement des fours une fanfare amateur s'entraîne. Dans l’appartement de Nice ouest, la mère de famille danse en écoutant de la musique, le petit garçon demande où est son père.

Tous droits réservés sur ce texte par son auteur.

05/02/2007

Exercice sur le traitement "Nos années sauvages"

Voici le travail de Nathalie sur l'exercice à partir du début du film Nos années sauvages de Wong Kar-wai :

 

Dans un quartier isolé de Hong-Kong, un jeune homme, Xi, suite à un défi, va provoquer la prude et timide Lii, qu’il a repérée dans une supérette. En achetant des cigarettes, il sème le trouble en lançant cette prophétie : ce soir, tu rêveras de moi.

Après le départ du garçon, Lii ne cesse de faire des bêtises avec les clients. Elle l’imagine la pourchassant dans la forêt près de laquelle elle habite. L’attente jusqu’au soir est longue. Lorsque enfin il est l’heure de fermer le magasin, la jeune femme croit voir Xi au coin de la rue. Elle se précipite sur lui, pour qu’il la laisse tranquille, mais il n’y a personne. Caché derrière un muret, Xi savoure cet instant, il semble qu’il ait gagné son pari. Plus tard dans la soirée, Xi est dans une discothèque, et réitère son coup avec une autre fille, qui l’envoie promener. Pendant ce temps, Lii rêve de Xi. Après sa déconvenue, Xi, de son côté, repense à Lii, proie facile. Miaow connaît la forêt, car il y a vécu ses premiers émois sentimentaux, notamment dans un petit cabanon laissé à l’abandon. C’est précisément le rêve de Lii : elle se représente Xi qui l’attend. Elle hésite à y pénétrer, car elle sait que ce sera sa ruine.

Le lendemain, c’est la même attente au magasin, Xi ne vient pas. Mais une fois rentrée chez elle, on l’attrape et on l’embrasse, c’est Xi qui l’amène près du cabanon et éveille ses sens. Les jours passent, Lii répète ses rêves nocturnes, rêves qui se transforment en rêverie éveillée tandis qu’elle travaille au magasin. Xi est devenu une obsession. De son côté, le garçon tente chaque soir d’impressionner les filles, mais ça ne marche pas. Ses copains commencent à se moquer ouvertement de lui. Xi décide de les épater une fois pour toute : il séduira une femme bien plus âgée que lui. Mais pour son malheur, il s’agit de la mère de Lii. Lii s’en rend compte alors qu’elle a repéré le garçon dans la rue. Celui-ci a décidé de faire le grand saut, et d’amener la mère de Lii au cabanon. Lii les suit. Perdue, Lii se pend à l’arbre qui se trouve à l’entrée du chemin. Xi s’enfuit. Folle de douleur et rongée par la culpabilité, la mère de Lii rentre chez elle pour en finir avec la vie, mais elle découvre une lettre de Lii qui lui explique son déshonneur. C’en est trop, c’est sur Xi qu’elle va assouvir ses instincts vengeurs. Elle veut lui donner rendez-vous au cabanon. Mais c’est l’attente qui commence pour la mère de Lii : Xi ne vient jamais.

Critique : excellent travail, Nathalie, plein d'humour et de rebondissement. On a bien un personnage principal et son antagoniste, Lii et Xi, assez bien décrits. Xi manque peut être un peu d'épaisseur, même si c'est un ersonnage de glandeur. Il y a une bonne progression dramatique et on peut envisager, à la lecture, les scènes et leur articulation qui me semble toujours logique. Bonne montée de suspense et joli final.

Attention pourtant à la donnée des informations. Qui est Miaow ? La jeune fille draguée pat Xi sans doute, mais l'introduction du nom, comme on le verra dans les régles d'écriture doit intervenir au plus tôt, sauf effet particulier. D'autre part, comme cela a été évoqué à plusieurs reprises à la dernière séance, il faut se méfier des passages trop généraux comme "Les jours passent, Lii répète ses rêves nocturnes" qui ne donnent pas une idée très précise de ce que l'on verra dans le film. et pour avoir vu nombre de moments à vide dans les films de Clermont, je suppose que certains scénarios ont laissé passer ces passages.

 

Voilà, que cela vous donne envie de vous livre à l'exercice, toujours sur ce film où sur l'extrait proposé ci-dessous